Notre passé retrouvé

Depuis 2015, des enquêtes ont été menées auprès des Anciens des quartiers du Prêche et de Marcel Sembat, afin de sauvegarder la mémoire des habitants. On sait en effet que ces quartiers du nord-est de Bègles sont en pleine transformation : l’horticulture, la morue et les usines ont cédé la place à des lotissements résidentiels. Les nouveaux habitants sont nombreux. Or le « vivre ensemble » suppose le maintien d’un lien avec ce passé social et culturel.

Ce travail de collecte auquel ont participé Jean-Michel Thauré et Michel Danglos, et surtout Jean-Pierre Chrétien, Claude Chaussier et Alain Monzie, doit se terminer au début de 2018. Il est donc possible de faire maintenant un premier bilan des sujets abordés et des éclairages ainsi apportés sur le passé de notre quartier. Il n’est bien sûr pas question de faire une histoire totale et de longue durée, mais de reconstituer les activités, les paysages et l’ambiance des quartiers nord-est de cette banlieue de l’agglomération bordelaise durant le XXe siècle, c’est-à-dire pour la période qui a vu l’essor industriel de Bègles, autour de la morue, du chemin de fer et des manufacture multiples qui se sont développées entre le fleuve et le rail. Nous nous intéressons à la vie sociale, mais aussi aux loisirs, aux fêtes, au sport, aux écoles, à la vie religieuse, à la vie politique et syndicale, à la place des étrangers venus y travailler, ainsi qu’aux ruptures, notamment celles des Guerres mondiales. Sans oublier le paysage urbain, que nous comptons faire revivre aussi à travers d’anciennes photographies.

Nous avons interrogé une trentaine de personnes et nous comptons encore réaliser au moins une dizaine d’interviews. Quantitativement, c’est peu, dira-t-on. Mais cette collecte n’est pas un sondage d’opinion. Elle s’adresse à des personnes qui ont bien connu tel ou tel aspect du passé de nos quartiers. Nous avons déjà des témoignages très intéressants, qui restituent, mieux que les archives, le vécu de nos quartiers du début du XXe siècle aux années 1950. La grande rupture intervient manifestement dans les années 80.

Parmi les thèmes éclairés par cette enquête figurent notamment : le séchage des morues, le travail dans la papeterie Cenpa, dans la verrerie, les activités d’une boulangerie et d’une limonaderie, mais aussi le maraichage, les petits commerces des rues de la République et Marcel Sembat, la construction des Terres neuves, les transports, les fêtes du quartier, la vie paroissiale, l’histoire des immigrés espagnols venus à la fin des années 1930, etc. Chaque fois les informations sont nourries de souvenirs concrets et d’anecdotes. C’est toute la richesse d’une enquête orale. Cette ouverture sur la vie d’autrefois est un des avantages des enquêtes orales, contrastant avec le côté plus impersonnel des archives.

Nous sommes maintenant demandeurs de témoignages sur la Seconde Guerre mondiale, sur la vie politique et syndicale de Bègles des années 1930 aux années 1960, sur le rugby et ses supporters, sur les industries métallurgiques et chimiques.

Les interviews sont transcrits afin de pouvoir nourrir un ouvrage, y compris par des citations. Dans nos objectifs en effet figurent la publication d’un petit livre illustré de textes et de photos, une exposition, des soirées…

à suivre

 

Image de une : Autrefois à l’entrée du quai Wilson, le restaurant des Deux platanes

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