Le projet de construction d’un immeuble de 5 niveaux aux Près Lacoste qui avait fait l’objet d’une décision favorable du conseil municipal de juin dernier a été annulé par celui du 9 novembre 2017.
Comment expliquer un tel revirement ? Les actions des habitants avec le comité du Prêche ? Oui, assurément. Un infléchissement des orientations municipales avec l’arrivée du nouveau Maire ? Peut être bien. Voyons un peu.
La mobilisation des habitants avec le comité
La pose de barrières le long de l’espace vert public nous avait alertés dès le mois d’avril. Le conseil municipal de juin en éclairait la raison : un projet de construction d’un immeuble de 5 niveaux situé à quelques mètres d’habitations existantes.
Dès lors, la réaction convergente des co-propriétaires habitants du domaine St Mandé, très impactés, et du comité de quartier du Prêche fût immédiate.
La contestation s’organisait autour de plusieurs motifs :
– rétrécissement de l’espace vert public alors que le quartier est particulièrement touché par la densification.
– méthode contestable consistant à privatiser en catimini cet espace public sans aucune information ni consultation des habitants.
– projet de construction en totale dysharmonie architecturale avec les constructions existantes.
– préjudices de toutes sortes pour les riverains co-propriétaires, etc, etc… voir ici.
Dès lors, les actions montaient en puissance : « coup de gueule » en conseil municipal de juin, pétition, information diffusée par le comité à l’ensemble des habitants par l’intermédiaire de ce site et par la distribution de quelques 1500 tracts, recours auprès de M. le Maire, amiable dans un premier temps, visant l’annulation de la privatisation de l’espace vert, et donc de la construction. Le recours au tribunal administratif était envisagé en cas de réponse négative, avec accompagnement dès le départ par un avocat spécialisé.
Pour autant, le dialogue avec la mairie ne fût rompu à aucun moment. Le comité de quartier était reçu à ce propos le 18 octobre 2017, sans qu’aucune décision municipale ne soit annoncée en réponse à la contestation.
Nouvelles orientations municipales
L’annulation de la cession du terrain et donc de la construction fût votée le 9 novembre, justifiée par les nouvelles orientations municipales. En effet, on peut observer sur ce dernier point, que le nouveau Maire Clément Rossignol s’est exprimé publiquement et à plusieurs reprises pour « une urbanisation douce comprise par les habitants ». Faut-il voir dans la décision du dernier conseil municipal les premières mises en œuvre des engagements pris ? Ce serait là une bonne nouvelle de nature à créer la confiance ici à Bègles, tranchant avec ce que l’on peut constater de certains hommes politiques peu préoccupés de la tenir leurs promesses. Ce serait aussi fort justifié dans un quartier où l’augmentation du nombre de logements est considérablement plus forte que le rythme préconisé par le plan local de l’habitat du PLU 3.1 auquel se réfère M. le Maire : 320 logements de plus par an, pour tout Bègles, contre 420 logements en cours de réalisation ou en projet accepté sur le seul quartier du Prêche (voir ici). Cherchez l’erreur !
La décision d’annuler le projet St Mandé-Près Lacoste tendrait alors à montrer qu’ici aussi, dans le quartier du Prêche, le Maire veut ralentir le rythme des constructions nouvelles. Ce serait là selon nous une des seules possibilités de le faire, au vu du nombre de « coups déjà partis » que sont les permis de construire nouvellement accordés et les constructions en cours. Pas question en effet pour un Maire de remettre facilement en cause un permis de construire déjà accordé sans s’exposer à des recours aux tribunaux de la part des demandeurs, sauf si bien sûr apparaît une infraction aux règles d’urbanisme mises en évidence par exemple par des recours d’habitants. Plusieurs, semblent avoir été déposés, sur des projets prévus sur la Maye de Bernet notamment.
Maîtriser l’urbanisation et ses effets… à suivre
Au delà de « l’affaire » St Mandé, il faudra ne pas oublier la question essentielle : l’urbanisation croissante engendre des effets négatifs multiples qui s’accumulent et font réagir les habitants. Sa maîtrise, ainsi que les effets sur le Bien Vivre (tous) Ensemble, reste une question cruciale pour la population et naturellement pour le comité du Prêche en particulier.
Cette question fût abordée lors de la réunion publique organisée par notre comité du Prêche le 9 octobre, partant des témoignages de plusieurs acteurs du quartier. Nous y reviendrons très bientôt avec notamment un prochain article.
* Reste cependant un point essentiel à éclaircir : le terrain où devait être construit l’immeuble n’a pas fait l’objet d’une délibération officialisant son retour au statut d’espace public. Il n’est en effet pas si certain que le retour dans le domaine public soit engendré automatiquement par l’annulation de la cession, comme cela a pu être affirmé en conseil municipal par un élu, après consultation des services municipaux. La sauvegarde et pourquoi pas l’extension des espaces publics, verts en particulier, n’est elle pas une des conditions du bien vivre en ville, près de chez soi. A suivre !